Les stratégies de gestion obligataires cherchent à optimiser le rendement d’un portefeuille d’obligations tout en contrôlant les risques liés aux taux d'intérêt, la solvabilité des émetteurs et aux variations économiques.
Divisées en deux catégories principales, les stratégies passives et actives, elles sont essentielles à l’établissement d’une bonne gestion obligataire.
Avertissement : ceci n'est pas une recommandation d'investissement. Veuillez-vous rapprocher de votre conseiller avant toute décision d'investissement.
Stratégies de gestion obligataire passives
Elles visent à reproduire la performance d’un marché ou d’un indice obligataire sans chercher à le battre.
Elles reposent sur une approche peu interventionniste, avec un faible taux de rotation des titres et des frais réduits. On cherche à profiter de la stabilité et la prévisibilité des rendements. Parmi ces stratégies, on retrouve principalement la stratégie de portage.
Aussi appelée buy and hold, cette approche consiste à acheter des obligations et les conserver jusqu’à leur échéance. On collecte ainsi régulièrement des intérêts (coupons) tout en récupérant le capital investi à l’échéance. Cette stratégie privilégie la sécurité et la prévisibilité des rendements.
Un investisseur peut par exemple acquérir des obligations à 5 ans avec un coupon annuel de 2 %. En les conservant jusqu'à leur échéance, il reçoit chaque année un revenu régulier fixeetrécupère son investissement initial à maturité, indépendamment des fluctuations du marché.
Attention, cela n’exclut pas la possibilité de pertes en capital.

Stratégies de gestion obligataire actives
Les stratégies actives cherchent à surperformer un indice de référence ou à capter des opportunités de marché. Elles s’appuient sur une analyse macroéconomique, des arbitrages fréquents, et une sélection rigoureuse des émetteurs.
Le gestionnaire ajuste en permanence la composition du portefeuille en fonction de ses anticipations des taux, du risque de crédit, ou des évolutions sectorielles et géographiques.
Stratégie de duration (gestion active du risque de taux)
La duration mesure la sensibilité du prix d’une obligation aux variations des taux d'intérêt. Une gestion active de la duration consiste à ajuster régulièrement l’exposition du portefeuille obligataire en fonction des anticipations de taux.
Imaginons un gérant de portefeuille anticipant une hausse prochaine des taux d’intérêt par la Banque Centrale Européenne. Pour minimiser l’impact négatif sur son portefeuille, il en réduit la duration globale en remplaçant ses obligations à maturité longue, sensibles aux variations de taux, par des obligations à maturité plus courte, moins exposées au risque de taux.
Stratégie de crédit (gestion du risque de défaut)
Cette stratégie consiste à sélectionner des obligations en fonction de la qualité de crédit de leurs émetteurs. On cherche à obtenir des rendements supérieurs grâce à des émetteurs présentant un profil de crédit plus risqué mais offrant une rémunération plus élevée.
Un fonds obligataire peut choisir d'investir dans des obligations d'entreprises notées BBB ou BB (catégorie « investment grade » ou « high yield ») plutôt que dans des obligations souveraines très sûres mais à faible rendement.
Par exemple, un investisseur peut intégrer dans son portefeuille des obligations émises par une entreprise comme Renault ou Casino, au rendement est plus élevé en contrepartie d'un risque de crédit accru.
Stratégie de courbe des taux (yield curve strategies)
Cette stratégie exploite les différences de rendement sur les maturités courtes, intermédiaires et longues de la courbe des taux. Selon les anticipations d’évolution des taux, le gérant positionne son portefeuille sur les maturités les plus intéressantes.
Si un gestionnaire anticipe un aplatissement de la courbe des taux (écart réduit entre les taux courts et longs), il pourra acheter des obligations à long terme en espérant une appréciation des prix lorsque les taux longs baissent relativement aux taux courts.
À l'inverse, s'il anticipe une accentuation de la pente, il préférera des maturités courtes ou moyennes pour réduire le risque de pertes liées aux hausses des taux longs.
Stratégie d’arbitrage sectoriel ou géographique
Cette stratégie vise à diversifier le portefeuille obligataire en choisissant des secteurs économiques ou des zones géographiques en fonction des opportunités identifiées. Le gestionnaire réalise des arbitrages réguliers pour tirer profit des écarts de valorisation entre secteurs ou régions.
Un fonds obligataire européen peut surpondérer les obligations d’entreprises dans les secteurs de l’énergie renouvelable ou des infrastructures lorsqu’il anticipe une politique gouvernementale favorable à ces secteurs, tout en réduisant son exposition à d'autres secteurs, comme l'immobilier commercial, plus vulnérables en période de ralentissement économique.

Le cas particulier de la stratégie barbell, méthode de gestion obligataire mixte
La stratégie barbell (ou en haltères) implique la constitution d’un portefeuille obligataire composé à la fois d'obligations à très courte maturité et d’obligations à longue maturité, évitant ainsi les maturités intermédiaires. Cette stratégie peut être utilisée dans une approche passive (allocation fixe) ou active qui est ajustée en fonction des anticipations de marché.
Un investisseur peut placer 50 % de son portefeuille dans des obligations d’État à maturité courte (inférieure à 1 an) à faible rendement mais peu sensibles aux variations de taux, et les autres 50 % dans des obligations à très longue échéance (supérieure à 10 ans) offrant un rendement attractif.
Attention, le risque de pertes en capital est proportionnel à l’attractivité du rendement attendu.
Dans une approche passive, la répartition reste fixe dans le temps tandis qu’uneapproche active pousse l’investisseur à ajuster les pondérations en fonction de ses anticipations de taux.
Une combinaison efficace des stratégies pour obtenir les meilleurs rendements avec la gestion obligataire
Les gérants obligataires utilisent généralement une combinaison de ces stratégies pour optimiser le profil risque-rendement d’un portefeuille. Par exemple, une stratégie core-satellite peut associer une base d’obligations souveraines très sûres à une partie satellite composée d’obligations d’entreprises ou émergentes à plus haut rendement, ajustant régulièrement l’exposition selon l’évolution du marché.
En définitive, la gestion obligataire requiert une analyse fine du contexte macroéconomique, une bonne anticipation des taux d'intérêt, et une sélection rigoureuse des émetteurs afin de maximiser le rendement tout en contrôlant les risques inhérents à ce marché spécifique.
Il est cependant important d’avoir conscience que ces stratégies comportent des risques et peuvent vous faire perdre jusqu’à l’intégralité du capital investi.
Il est donc nécessaire, de faire appel à un gestionnaire obligataire professionnel qui saura vous guider et optimiser vos investissements.